Les violences qui ont émaillé les rencontres Gbikinti-Gomido, Foadan-Dyto… pour ne citer que ces exemples récents de la première division de football sont inacceptables. Néanmoins, il y a trop souvent de conditions réunies pour les provoquer. Et c’est tout le monde qui est coupable.
Les vieux démons ont encore refait surface, perturbant le déroulement normal des rencontres de football, créant un capharnaüm indescriptible où généralement les membres du corps arbitral sont pris à parti, molestés, bastonnés, trainés par terre, humiliés… Lorsque se produit l’envahissement du stade par des supporters hystériques, personne n’est à l’abri des mésaventures, des blessures…
Ce qui s’est passé le week-end dernier à Kabou lors du duel Gbikinti-Gomido et à Dapaong au cours du match Foadan de la localité contre Dyto de Lomé, ne doit pas être mis dans le registre des faits divers et banalisé. Dans le premier cas, ce qui étonne est que les Lions de Bassar n’évoluaient même pas à domicile, mais à Kabou. Pourtant une partie de leurs supporters ou supposés comme tels ont décidé d’extérioriser leur haine. Tout part d’un but refusé à leur club pour une position irrégulière. Il est certes vrai que ce but, s’il est validé, leur permettait de rester leader du championnat d’élite. Une frange du public n’a pas apprécié que l’ouverture du score soit annulée pour une position de hors-jeu. Nous vous épargnons des détails désolants, dégradants et inhumains.
Pourquoi malgré les messages de sensibilisation des uns et des autres, les initiatives de certaines bonnes volontés, les actes déplorables persistent dans les stades togolais ? Pour certains, le mal est un peu profond et peut-être que les responsables du football ne se donnent pas la peine de mieux l’analyser pour d’abord le circonscrire et ensuite le mettre hors d’état de nuire.
Education. La plupart des supporters, pour ne pas dire le public en général, ne maîtrisent pas les règles du jeu. D’ailleurs personne ne leur demande d’en avoir la maîtrise. Il ne revient qu’à l’arbitre central, aidé de ses assistants, de prendre les décisions sur la pelouse. Que l’on soit d’accord ou pas, il est le seul maître du terrain. Sur ce plan, les présidents de club doivent intensifier l’éducation de leurs supporters.
Déclarations incendiaires. Les propos de certains entraîneurs et de présidents de club avant, pendant et après les rencontres sont de nature à raviver les tensions, préparer les esprits à la passion. Personne ne doit perdre de vue qu’une rencontre de football se termine par une victoire ou une défaite ou encore un nul. Quel que soit le scenario, c’est le respect du score final qui fait le charme de ce sport populaire. Accepter l’issue d’un match quel que soit l’arbitrage rend élégant.
Arbitrage. Si aucun match de football ne peut se dérouler sans arbitres, il faut également reconnaître qu’au Togo, les hommes en uniforme sont souvent, et de plus en plus ces derniers mois, accusés de fausser volontairement les matches, de fabriquer des vainqueurs. Avec des espèces sonnantes et trébuchantes, il serait facile de nos jours de gagner un match. Parmi les arbitres, certains dénoncent dans l’anonymat la corruption qui, comme un cancer, est en train de tuer leur corporation. Dans ces conditions, l’arbitre se fragilise et fournit involontairement des arguments aux supporters d’en découvre avec lui à la moindre erreur sur le terrain.
ANAFOOT. L’Association nationale des arbitres de football s’est indignée de la nature des violences organisées contre ses membres le week-end dernier. C’est tout à fait normal qu’elle s’en offusque. Mais on a l’impression qu’elle est plus prompte à pondre des communiqués pour condamner qu’à s’employer à contrer la corruption criarde d’une partie de ses adhérents.
Insécurité. Déjà que les installations sportives ne sont pas modernes, il est donc nécessaire qu’en amont, des mesures de sécurité idoines soient prises pour protéger les acteurs. Ce côté est souvent banalisé. Il aurait fallu prendre un certain nombre de précautions que les arbitres ne seraient pas traînés par terre comme des esclaves, d’autres molestés et bastonnés.
FTF. La Fédération togolaise de football seule ne peut tout faire, certes. En revanche, le deux poids deux mesures dont elle est souvent accusée dans les sanctions ne décourage pas les récidivistes.
A Lomé, on peut comprendre qu’il serait difficile d’identifier les fauteurs de trouble compte tenu du cosmopolitisme dans les stades. Mais à l’intérieur du pays, tout le monde se connait, on sait qui est qui voire qui fait quoi et comment. A priori, l’identification des auteurs des actes condamnables parait moins compliquée que dans la capitale. Tout cela pour dire que l’instance faîtière peut, si elle le veut, sévir contre ces supporters qui n’ont pas leur place dans les tribunes.
Face aux menaces de boycott des prochaines journées de championnats nationaux lancées par l’Association nationale des arbitres de football du Togo, le Comité exécutif de la Fédération togolaise de football s’est empressée de rencontrer les hommes en noir. Ce mercredi, à son siège, au cours d’une rencontre, la FTF leur a présenté des « excuses » et des « compassions aux officiels qui ont été violentés ».
Tout en promettant de diligenter une enquête pour situer les responsabilités et interpeller les fauteurs de troubles afin qu’ils répondent de leurs actes devant la loi, le Colonel Guy Kossi Akpovy, président de la FTF, a tenté de rassurer le corps arbitral : « L’humiliation subie par les arbitres mérite une attention particulière. Et nous devons prendre en compte leurs doléances et les protéger. Pour continuer le championnat que nous avons commencé ».
Source : L’Alternative